
Iman Khweira n’a toujours pas osé dire à Ezz Eldeen, son plus jeune fils de 8 ans, que Samir, son père de 45 ans, avait été arrêté par l’armée israélienne. Elle craint que son cadet ne soit pas capable de l’encaisser. Le reporter de la radio locale de Naplouse J-Media, dont les locaux ont été fermés par l’armée israélienne deux semaines après le 7-Octobre, a été interpellé par une dizaine de soldats le 10 avril, en pleine nuit. « Comment expliquer à un petit garçon que son père est emprisonné parce qu’il est journaliste ? », souffle-t-elle, jointe par téléphone jeudi 17 juillet, de la ville du nord de la Cisjordanie occupée.
La mère de famille de 43 ans n’a jamais pu rendre visite à son mari depuis son arrestation. Elle n’a pu l’appeler qu’une seule fois, à la mi-avril. A côté de lui, un gardien de prison lui demandait de ne « surtout pas répondre » aux questions sur son lieu de détention. Grâce à un avocat, Iman Khweira a appris que le père de ses enfants était détenu dans la prison de Nafha, dans le désert du Néguev. Malgré deux procédures en appel, dont la première a déjà été classée, le Palestinien doit rester incarcéré jusqu’au 8 octobre, sous le régime de la détention administrative, qui autorise Israël à emprisonner des suspects sans accusation formelle.
Sur place, l’ancien présentateur d’une émission hebdomadaire serait en mauvaise santé et « régulièrement battu », selon la quadragénaire, qui a échangé avec certains de ses compagnons de détention récemment libérés. Elle a tenté, sans succès, de lui envoyer des médicaments. Surtout, malgré les demandes répétées de son avocat, Iman Khweira ne sait toujours pas pourquoi son mari a été arrêté. Selon son avocat, il serait suspecté de « liens avec le Hamas », ce qu’il a toujours nié, et « d’incitation au terrorisme ». « Quelques semaines avant sa capture, un officier de l’armée israélienne était venu le menacer à la maison, raconte-t-elle. Il lui avait dit : “Nous te surveillons, il ne faut plus que tu parles à la radio.” »
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