Un groupuscule djihadiste peu connu revendique l’attentat contre une église à Damas ayant fait 25 morts

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Dans l’église de Saint-Elie, à Damas (Syrie), le lendemain de l’attentat-suicide, le 23 juin 2025.

L’attaque a semé la terreur au sein de la communauté chrétienne de Syrie. Un groupuscule extrémiste sunnite peu connu a revendiqué, mardi 24 juin, l’attentat-suicide perpétré dimanche contre une église de Damas, que les autorités syriennes ont attribué au groupe djihadiste Etat islamique (EI).

L’attaque a fait 25 morts et des dizaines de blessés au sein de la communauté chrétienne qui enterrait mardi plusieurs des victimes dans une ambiance empreinte de tristesse et de colère, et parmi d’autres minorités du pays. Dans un communiqué diffusé sur Telegram, le groupuscule Saraya Ansar Al-Sunna a affirmé qu’un de ses membres avait « fait exploser l’église Saint-Elie dans le quartier de Dwela à Damas », après « une provocation », sans plus de détails.

Les autorités islamistes arrivées au pouvoir après la chute du président Bachar Al-Assad en décembre ont rapidement imputé l’attaque à l’EI et annoncé lundi plusieurs arrestations dans le cadre d’une opération sécuritaire contre des cellules affiliées au groupe. Mais dans sa déclaration, Saraya Ansar Al-Sunna – qui n’a que quelques centaines d’abonnés sur Telegram – a rejeté la version des autorités la qualifiant de « fausse et fabriquée ».

Ce groupe, apparu après la chute de Bachar Al-Assad, a déclaré que « ce qui s’en vient ne vous laissera aucun répit (…), car nos combattants… sont pleinement prêts ». En mars, une altercation avait éclaté après que des riverains eurent protesté contre la diffusion de chants islamiques par le biais des haut-parleurs d’une voiture devant l’église Saint-Elie.

Violences confessionnelles

L’attentat de dimanche survient dans un contexte de violences confessionnelles, marquées notamment par des massacres de membres de la minorité musulmane alaouite – à laquelle appartenait Bachar Al-Assad – et des affrontements avec des combattants druzes.

Lors des funérailles de neuf des victimes, organisées dans l’église de la Sainte-Croix à Damas, le patriarche grec-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, Youhanna X, a fustigé un « massacre inacceptable » et critiqué les autorités, les appelant à « assumer leurs responsabilités ».

« Le crime odieux qui s’est produit à l’église Saint-Elie est le premier massacre en Syrie depuis les événements de 1860 », a-t-il déclaré, en référence aux massacres de chrétiens à Damas sous l’Empire ottoman. « Nous n’acceptons pas que cela se produise à l’époque de la révolution, et sous votre autorité », a-t-il ajouté en s’adressant au président Ahmed Al-Charaa. « Hier, vous avez présenté vos condoléances par téléphone au vicaire patriarcal. Cela ne suffit pas. »

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Neuf cercueils blancs ont été portés jusqu’à l’église devant un millier de fidèles, sous haute sécurité. Les routes menant au lieu de culte étaient bloquées et les abords étroitement surveillés.

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L’attaque ravive les inquiétudes quant à la capacité du pouvoir, dominé par le groupe islamiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) qui a renversé Bachar Al-Assad, à contrôler les combattants radicaux. HTC, autrefois affilié à Al-Qaïda, a rompu ses liens avec la nébuleuse djihadiste en 2016.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme rapporte que Saraya Ansar Al-Sunna avait déjà menacé de s’en prendre aux Alaouites, et mené une attaque contre cette minorité dans la province de Hama plus tôt cette année. Le groupe est accusé d’avoir participé à des massacres en mars, qui auraient fait quelque 1 700 morts selon l’Observatoire, en majorité des civils alaouites.

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Le Monde avec AFP

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