

Le point de passage de Sheikh Hussein, à deux heures de route au nord d’Amman, en Jordanie, vibrionne d’une activité inhabituelle : aux Palestiniens d’Israël habitués à emprunter ce chemin, s’ajoutent ces derniers jours de plus en plus de juifs israéliens, lassés d’attendre des vols de rapatriement opérés au compte-gouttes ou sans cesse reportés. Depuis l’offensive aérienne lancée le 13 juin par l’Etat hébreu contre l’Iran, ils sont des dizaines de milliers – plus de 100 000 selon les estimations officielles – à s’être trouvés bloqués à l’étranger, faute de vols pour l’aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv.
En milieu de matinée, lundi 23 juin, après avoir franchi les derniers contrôles jordaniens, une foule hétéroclite s’agglutine autour d’un bus et il faut jouer des coudes pour grimper à bord, seul moyen de parvenir jusqu’au poste-frontière Beit Shean situé au nord d’Israël, et distant de quelques dizaines de mètres.
Sous une chaleur accablante, des couples et des familles traînant d’énormes valises ont pris d’assaut les soutes à bagages du véhicule. Accompagné de sa fille, de son épouse, de son frère et de sa belle-sœur, Avigdor (comme toutes les personnes interrogées, il n’a pas souhaité donner son identité) transpire à grosses gouttes. « On n’en peut plus. Voilà trois jours qu’on tourne dans les aéroports » : Tbilissi, en Géorgie, puis Istanbul, en Turquie, et enfin Amman.
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