« La population est à bout de forces »

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« La chose essentielle dont les Gazaouis ont besoin, avant même l’eau, la nourriture et les médicaments, c’est d’un signe clair qu’ils peuvent vivre à Gaza, sur leur terre, et qu’ils peuvent y vivre libres, pas seulement survivre, mais vivre », énonce calmement le père Gabriel Romanelli, curé de la paroisse catholique de la Sainte-Famille dans la bande de Gaza, que nous avons pu joindre en visioconférence – la presse étant toujours interdite d’accès dans l’enclave par les Israéliens.

Jeunes Palestiniennes et leurs familles dans l’église catholique de la Sainte-Famille, dans la ville de Gaza, le 24 décembre 2022.

Argentin d’origine, il s’occupe de cette paroisse depuis vingt ans et y vit depuis 2019. C’est à lui que le pape François téléphonait tous les soirs à 20 heures, « y compris lorsqu’il était encore à l’hôpital », précise le curé. Pour lui, donner espoir aux Palestiniens passerait notamment par l’enlèvement des décombres qui les entourent de toutes parts dans la ville de Gaza, où se trouvent regroupés tous les chrétiens à l’exception d’une famille catholique qui habite toujours à Khan Younès, dans le sud du territoire. « Les rares maisons ou bâtiments restés intacts apparaissent comme une île. Sinon, des quartiers entiers ont été effacés et on n’a pas de machines pour déblayer toutes ces ruines, sous lesquelles sont ensevelis des cadavres. Cela participe largement à la dépression de la population, qui vit au milieu de ce chaos. »

La reprise de l’aide humanitaire, amorcée fin mai, aurait dû être un soulagement. Cependant, le système mis en place a viré au cauchemar pour les Gazaouis. Théoriquement, la distribution de cette aide est assurée par la Fondation humanitaire de Gaza (Gaza Humanitarian Foundation, GHF), une entreprise privée américaine se substituant en grande partie aux ONG traditionnelles, afin de prévenir la confiscation des denrées par le Hamas, selon Etats-Unis.

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