
« La Russie ne peut pas être médiatrice si elle ne croit pas véritablement à la paix », estime Kaja Kallas, la cheffe de la diplomatie européenne
Kaja Kallas, la cheffe de la diplomatie européenne, a déclaré, mardi, que Vladimir Poutine « ne [pouvait] pas être considéré comme digne de confiance » pour jouer un rôle de médiateur pour la paix au Moyen-Orient alors même qu’il continue de mener des attaques brutales contre des civils en Ukraine.
Cette déclaration faisait suite à une frappe massive de la Russie sur Kiev. « Il est évident que le président Poutine n’est pas quelqu’un qui peut parler de paix alors que nous voyons de telles actions », a déclaré Kallas lors d’un point presse à Bruxelles. « Ce n’est pas un médiateur crédible. La Russie ne peut pas être médiatrice si elle ne croit pas véritablement à la paix. »
La Russie tente de se positionner comme un médiateur potentiel dans le conflit croissant entre Israël et l’Iran. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé le 17 juin qu’Israël semblait peu enclin à accepter l’offre de médiation de la Russie. Kaja Kallas a également souligné le rôle de l’Iran dans le soutien aux frappes russes : « L’Iran a aidé la Russie à mener ces attaques… Leur coopération fonctionne, à cet égard », a-t-elle précisé.
Elle a exhorté l’Union européenne à avancer dans la réduction du plafond du prix du pétrole russe, même sans le soutien des Etats-Unis, avertissant que les tensions au Moyen-Orient pourraient, sinon, faire grimper les prix et accroître les revenus russes. « L’objectif du plafonnement des prix du pétrole est de les faire baisser, a-t-elle expliqué. Nous ne devons pas nous retrouver dans une situation où la crise au Moyen-Orient fait grimper les prix du pétrole et permet à la Russie d’en tirer plus de profits… Cela reviendrait à financer davantage sa machine de guerre. »
Elle a précisé que l’Union européenne pouvait agir de manière indépendante pour réduire le plafond des prix du pétrole, soulignant que la majorité du brut russe transitait par des eaux contrôlées par l’Europe. « Même si les Américains ne suivent pas, nous pouvons agir et avoir un impact », a-t-elle affirmé.
La frappe sur Kiev « va à l’encontre de l’appel du président Trump à arrêter les tueries et à mettre fin à la guerre », estime l’ambassade des Etats-Unis en Ukraine
Vingt-quatre heures après l’attaque russe qui a frappé Kiev, l’ambassade des Etats-Unis en Ukraine a réagi, mercredi 18 juin. Dans un message publié sur X, elle écrit : « Aujourd’hui, avec toute l’Ukraine, nous nous joignons à une journée de deuil à Kiev pour les victimes de l’attaque du 17 juin par la Russie. Nous présentons nos plus sincères condoléances aux familles des victimes. Cette attaque insensée va à l’encontre de l’appel du président Trump à arrêter les tueries et à mettre fin à la guerre. »
Parmi les morts figurait un citoyen américain, a confirmé la porte-parole du département d’Etat, Tammy Bruce, lors d’un point de presse le 17 juin. « Nous sommes au courant de l’attaque d’hier soir sur Kiev, qui a fait de nombreuses victimes, y compris la mort tragique d’un citoyen américain », a dit la porte-parole. « Nous condamnons ces frappes et présentons nos plus sincères condoléances aux victimes et aux familles de tous ceux qui ont été touchés. »
Donald Trump lui-même ne semblait pas être au courant de la frappe lorsqu’il a été interrogé par des reporters à bord d’Air Force One, mardi. « C’était quand ? Quand ? », a répondu Trump lorsqu’un reporter lui a demandé sa réaction. Informé que l’attaque de drones et de missiles avait eu lieu « très récemment », M. Trump a dit : « Juste maintenant ? Vous voulez dire au moment où je reviens vous voir, c’est à ce moment-là que cela s’est produit ? On dirait bien. Je devrai examiner cela. »
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a déclaré qu’il s’agissait de « l’une des attaques les plus horribles sur Kiev » et a appelé à un soutien international plus fort pour aider l’Ukraine à se défendre.
La Russie a lancé 58 drones dans la nuit de mardi à mercredi
Les Russes ont attaqué l’Ukraine avec 58 drones de type Shahed et divers types de drones leurres dans la nuit du 17 au 18 juin, rapporte l’armée de l’air ukrainienne. Douze ont été abattus, 18 ont été neutralisés par les moyens de guerre électronique. Les principales cibles de l’attaque étaient les oblasts de Donetsk, Dnipropetrovsk et Zaporijia. Neuf impacts ont été relevés.

Volodymyr Zelensky quitte le G7 sans rencontrer Donald Trump ni obtenir de nouveau soutien des Etats-Unis
Le président ukrainien a quitté le sommet du groupe des Sept (G7) mardi, estimant que la diplomatie était en « crise » après avoir manqué l’occasion de faire pression sur le président des Etats-Unis, Donald Trump, pour obtenir plus d’armes. Les pays membres du G7 ont peiné à trouver un consensus sur la question du conflit en Ukraine après que Donald Trump a apporté son soutien au président russe Vladimir Poutine et a quitté le sommet un jour plus tôt que prévu pour rentrer à Washington.
Dans un message publié sur son compte Telegram, Volodymyr Zelensky a déclaré qu’il avait dit aux dirigeants du G7 que « la diplomatie [était] désormais en état de crise » et qu’ils devaient continuer à demander à Donald Trump d’« utiliser son influence réelle » pour mettre fin à la guerre. « Les dirigeants du G7 ont exprimé leur soutien aux efforts du président Trump pour parvenir à une paix juste et durable en Ukraine », est-il dit dans une déclaration résumant les délibérations publiées à l’issue du sommet par Mark Carney, le premier ministre du Canada, pays hôte du sommet.
« Je rentre en Allemagne avec un optimisme prudent en pensant que des décisions seront également prises en Amérique dans les prochains jours pour imposer de nouvelles sanctions à la Russie », a déclaré le chancelier allemand Friedrich Merz.
Le bilan de l’attaque russe sur Kiev s’alourdit à 21 morts
Le bilan de l’attaque russe massive sur Kiev survenue dans la nuit de lundi à mardi s’est alourdi à 21 morts, a annoncé le service de secours mercredi après que de nouveaux corps ont été dégagés des décombres. « Au total, 21 personnes sont mortes dans la capitale et 134 ont été blessées », a détaillé le service d’urgence d’Etat sur Telegram. Des bilans provisoires avaient fait état mardi d’au moins 14 morts.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a dénoncé « l’une des pires attaques » russes contre Kiev depuis le début de l’invasion, en février 2022. Plus de 440 drones et 32 missiles ont été tirés durant cette attaque, selon le chef de l’Etat. Vingt-sept sites ont été ciblés dans la capitale, a précisé le ministre de l’intérieur ukrainien, Ihor Klymenko.
Parallèlement, deux autres personnes ont été tuées et 17 blessées dans une attaque sur la ville côtière d’Odessa et deux autres personnes sont mortes dans les oblasts de Soumy et de Kherson, selon les autorités ukrainiennes.
Zaporija, après une attaque de drones-suicides russes
Le G7 « aurait pu aller plus loin » dans son soutien à l’Ukraine, reconnaît le premier ministre canadien, hôte du sommet
Le G7 a de nouveau apporté mardi son soutien à l’Ukraine mais sans durcir le ton face à la Russie lors d’un sommet au Canada chamboulé par le départ anticipé du président américain en raison du conflit entre l’Iran et Israël.
« Certains d’entre nous, y compris le Canada, auraient pu aller plus loin », a reconnu le premier ministre Mark Carney, hôte du G7, lors de sa conférence de presse finale évoquant les déclarations sur la guerre en Ukraine.
Ce dernier a toutefois insisté sur le fait que tous restent d’accord pour continuer à exercer une pression sur la Russie, y compris par des sanctions financières.
Mais le club des grandes démocraties industrialisées n’a pas cette fois publié de déclaration commune dénonçant l’« agression russe », contrairement aux années précédentes quand Joe Biden était à la tête des Etats-Unis.
Dans la journée, une source gouvernementale canadienne avait affirmé que les Etats-Unis s’étaient opposés à la publication d’un communiqué séparé au ton plus fort, avant de finalement retirer ses déclarations.

L’Australie impose des sanctions sur la « flotte fantôme » russe
L’Australie a pour la première fois imposé des sanctions contre 60 navires de « la flotte fantôme » utilisée par la Russie pour exporter son pétrole, a annoncé mercredi le gouvernement. Des partenaires de Canberra, tels que le Royaume-Uni et l’Union européenne, ont déjà sanctionné plusieurs centaines de ces navires, souvent vieillissants et exploités sous pavillon étranger.
« La Russie utilise ces navires pour contourner les sanctions internationales et soutenir sa guerre illégale et immorale contre l’Ukraine », a dénoncé le ministère des affaires étrangères australien dans un communiqué.
Les navires de la « flotte fantôme » russe sont, par ailleurs, régulièrement accusés par les Européens d’être impliqués dans des atteintes aux câbles sous-marins, et de représenter une menace environnementale.
« Opérant au moyen de pratiques trompeuses, notamment en changeant de pavillon, en désactivant les systèmes de localisation, et en opérant avec des assurances inappropriées, la flotte fantôme permet le commerce illicite du pétrole russe et d’autres produits sanctionnés », a ajouté le ministère.
Les sanctions contre des navires consistent généralement à leur interdire l’accès aux eaux nationales et a fortiori l’entrée dans les ports. L’Australie a déjà imposé plusieurs batteries de sanctions à la Russie en réponse à l’invasion de l’Ukraine lancée par Moscou en février 2022.