A Lille, le procès de neuf passeurs pour un naufrage mortel

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Une semaine de procès devant le tribunal de Lille, qui juge jusqu’à vendredi 20 juin neuf hommes accusés d’être des passeurs de migrants vers l’Angleterre, ne permettra sans doute pas de savoir ce qui s’est exactement passé dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022. Il faisait un froid glacial mais la mer du Nord devait être calme, car au moins sept embarcations ont pris la direction du Kent, au sud-est de Londres. L’une d’entre elles n’est jamais arrivée. Elle a coulé à quelques kilomètres de la côte anglaise.

Les rescapés ont raconté le mouvement de panique de la cinquantaine d’exilés piégés dans le pneumatique. Leur embarcation avait pris l’eau et ils craignaient que des pêcheurs anglais, dont ils s’étaient approchés, poursuivent leur route sans leur porter secours. L’enquête britannique pointera la dangerosité de leur navire, rafistolé avec de la colle, doté d’un contre-plaqué pour tenir le moteur, et d’un fond qui ne valait guère mieux.

Ce que l’on sait, la présidente du tribunal l’a résumé sobrement : « Quatre corps sans vie ont été retrouvés. Et quatre personnes sont portées disparues. Seul un des corps a pu être identifié : Sajed Ahmad Fayed. On sait juste qu’il venait d’Afghanistan. » Les disparus ? L’un était surnommé « Million », l’autre avait deux adresses mail, du troisième, on ne connaît que le numéro de téléphone. Et le quatrième ? La présidente assène devant les prévenus : « Je n’ai rien à dire. »

Une plainte contre le préfet maritime

Voilà pour le bilan humain. Les magistrates lilloises en charge de ce dossier, nourri d’une minutieuse enquête policière menée à partir des téléphones des rescapés, auront à déterminer les responsabilités des prévenus (de nationalité afghane, syrienne et irakienne), dont on a déjà compris les lignes de défense : nier toute responsabilité ou essayer de convaincre qu’ils ne sont impliqués que pour avoir voulu financer leur future traversée, voire qu’ils ont agi sous la contrainte.

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