The Heritage Foundation, les missionnaires du trumpisme à l’assaut de l’Europe

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Derrière les épais rideaux de velours du Cercle de l’union interalliée, somptueux club parisien de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, une réception très politique se tient à un jet de pierre de l’Elysée. Cravate de rigueur pour les invités venus, ce 26 mai au soir, s’abreuver de « l’avenir du conservatisme en France et en Occident », comme le promet le carton d’invitation. L’hôte est américain, inconnu du public français, et tient dans ses mains un morceau du destin des Etats-Unis. Kevin Roberts préside la puissante Heritage Foundation, le think tank conservateur le plus influent de la galaxie MAGA (« Make America Great Again »), qui a pavé le retour au pouvoir de Donald Trump en lui fournissant le très radical Projet 2025, feuille de route officieuse de son mandat.

Crâne lisse, petite cloche symbolisant la Liberty Bell américaine épinglée au col de la veste (le logo de la Heritage Foundation), Kevin Roberts, 50 ans, affiche l’aisance des professeurs d’université. Ce natif du sud de la Louisiane est l’un des plus fervents idéologues de la seconde présidence Trump, déterminé à tout « brûler » – il affectionne les métaphores radicales – pour remodeler l’Amérique dans une version nationaliste et réactionnaire. A la tête depuis 2021 de la Heritage Foundation et de ses 350 salariés, l’historien de formation gagne à ce poste près de 1 million de dollars par an. Il est familier de Mar-a-Lago, villa du président Trump, et cultive une réelle amitié avec J. D. Vance, le vice-président des Etats-Unis de 40 ans à l’idéologie nationaliste-catholique, adulé par l’extrême droite de part et d’autre de l’Atlantique.

Kevin Roberts est surtout l’un des VRP officieux d’un grand dessein de Trump 2 : tisser la toile avec les « alliés civilisationnels en Europe », comme le formule le département d’Etat américain dans une note stratégique publiée le 27 mai. On y lit la volonté des hommes de Trump de promouvoir leur conception d’un « héritage occidental civilisationnel commun », de Paris à Varsovie. Fin mai, donc, Kevin Roberts est en France pour la première fois, dans ce but.

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