

Nazym Arzimbetova a du mal à retenir ses larmes lorsqu’elle évoque le destin tragique de son oncle, qu’elle n’a jamais connu. En mai 1942, le frère aîné de sa mère, Rashit Temirjanovitch Saguindykov, a été enrôlé dans l’Armée rouge, entrée en guerre contre l’Allemagne nazie. Il avait 20 ans quand il a quitté sa ville natale de Balkhach, qui borde l’immense lac du même nom, au centre du Kazakhstan. Il n’est jamais revenu, et sa famille ignore toujours dans quelles circonstances il est mort, quatre-vingts ans après la fin de la seconde guerre mondiale.
Son sort continue de hanter sa nièce de 49 ans, thérapeute à Almaty, la plus grande ville du Kazakhstan : « Ma grand-mère est morte de tristesse après la disparition de son unique fils. » « Toute sa vie, elle a espéré retrouver au moins sa dépouille, pour pouvoir l’enterrer dignement », raconte Nazym Arzimbetova.
Cette dernière a versé 1 million de tenges (1 750 euros) à un détective privé en Russie afin qu’il épluche les archives du ministère de la défense, centralisées à Podolsk, à 40 kilomètres de Moscou. Cette recherche lui a permis d’obtenir une information précieuse sur son oncle, qu’elle consulte sans cesse sur son téléphone : en août 1942, Rashit Saguindykov était entraîné au sein du « 6e bataillon de communication de réserve, au camp d’Alkino », dans la région russe de Bachkirie. Rien d’autre n’a filtré de son dossier.
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