

Dix-huit milliards d’euros par an d’économies pour la Sécurité sociale ! En pleine crise des finances publiques, ce chiffre spectaculaire est affiché par une proposition de loi déposée en février par le sénateur (LR) du Vaucluse Alain Milon et une douzaine d’autres parlementaires. Le texte assure que de telles économies sont possibles en généralisant à l’ensemble du territoire les Centres experts en psychiatrie pilotés par FondaMental, une fondation de droit privé créée en 2007 par des institutions publiques (CEA, AP-HP, Inserm, etc.). La consultation de ces structures par les personnes souffrant de maladies psychiatriques, lit-on dans la proposition de loi, permettrait en effet de réduire fortement leur taux d’hospitalisation – ce qui coûte le plus cher dans la prise en charge des troubles mentaux. L’investissement serait modique, les bénéfices formidables.
Dans une étude publiée le 28 mai par Social Science Medicine – Mental Health, huit chercheurs et médecins jugent cet espoir infondé. Selon eux, il est la conséquence de l’intense activité de plaidoyer de la Fondation FondaMental, portée par un usage discutable, voire « trompeur », de données scientifiques à des fins de communication. Conduits par le neurobiologiste François Gonon (CNRS, université de Bordeaux) et le psychiatre Florian Naudet (Institut de recherche en santé, environnement et travail, et université de Rennes), les auteurs ont passé en revue les déclarations publiques des cadres de la fondation et y retrouvent souvent l’affirmation – reprise par les sénateurs – selon laquelle le passage des patients par l’un de ses Centres experts en psychiatrie induit une baisse de 50 % des jours d’hospitalisation dans l’année qui suit.
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