

Une jeune femme sur cinq ne se considère pas hétérosexuelle, selon une étude de l’Institut national d’études démographiques (INED) publiée mercredi 30 avril, dont les auteurs évoquent un possible effet du mouvement MeToo et une plus grande acceptation des minorités sexuelles en France.
« Entre 2015 et 2023, le nombre de jeunes adultes de 20-29 ans s’identifiant comme bisexuels ou pansexuels [attirance pour une personne quel que soit son genre] a été multiplié par six », souligne l’INED dans un communiqué.
Selon l’étude intitulé Homo, bi et non-binaires : quand les jeunes questionnent l’hétérosexualité, 5 % des jeunes femmes « s’identifiaient » en 2023 comme « pansexuelles », une sur dix comme « bisexuelle », 2 % comme lesbiennes et 81 % comme « hétérosexuelles ». Chez les jeunes hommes, 3 % se disaient homosexuels et la même proportion bisexuels.
L’étude parue dans la revue Population et sociétés analyse les résultats de l’« Enquête sur la vie affective des jeunes adultes » (Envie) menée en 2023 par l’INED sur un échantillon de 10 000 jeunes de 18 à 29 ans. Si 19 % des femmes de cette tranche d’âge ne s’identifient pas comme hétérosexuelles, 8 % des hommes sont dans ce cas.
Des formes de sexualité « plus envisageables »
C’était le cas de 3 % des femmes de 20-29 ans et de 2 % des hommes du même âge dans l’enquête « Virage » de 2015, a expliqué Wildried Rault, directeur de recherche à l’INED, lors d’une conférence de presse. Parmi les facteurs pouvant expliquer cette tendance, il cite une « banalisation relative de l’homosexualité » et le mouvement MeToo, qui a rendu l’hétérosexualité « moins désirable » pour une partie des jeunes. Le débat autour des inégalités dans le travail domestique contribue aussi à cette évolution, selon lui.
La « visibilité croissante » des minorités sexuelles, notamment avec le mariage pour tous en 2013, a « rendu plus envisageables ces formes de sexualité, en particulier pour des jeunes qui ont toujours connu ces contextes », a avancé M. Rault. En 2023, 37 % des femmes de 20-29 ans disaient avoir eu des « attirances » pour les deux sexes au cours de leur vie, contre 7 % dans l’enquête « Virage » (INED) de 2015. C’est le cas de 18 % des hommes en 2023, contre 2 % en 2015.
« Ce sont surtout les femmes de 18-21 ans qui se reconnaissent dans ces nouvelles identifications » : 78 % des 18-21 ans s’identifient comme hétérosexuelles, contre 87 % des 26-29 ans.
En outre, 1,7 % des jeunes se définissent comme « non binaires ». Cette augmentation du nombre de personnes bi et pansexuelles est aussi visible dans d’autres pays européens ainsi qu’en Amérique du Nord, selon l’étude.