A Alep, les quartiers d’Achrafieh et de Cheikh-Maqsoud, laboratoires de l’intégration des Kurdes dans l’Etat syrien

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Une quinzaine de 4 × 4, protégés par des hommes armés et cagoulés, filent à vive allure dans les rues d’Achrafieh et de Cheikh-Maqsoud. Entre surprise et curiosité, les habitants regardent le convoi passer. Ce 16 avril, les deux quartiers à majorité kurde de l’est d’Alep accueillent, pour la première fois depuis la chute du président syrien Bachar Al-Assad, le 8 décembre 2024, une délégation conjointe de représentants des autorités syriennes et de l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES, à dominante kurde), encadrée par leurs forces de police respectives, la sûreté générale et les Asayiches (agents de la sécurité kurdes).

« Cheikh-Maqsoud est un quartier comme les autres maintenant », clame devant les caméras Hussein Salamé, l’émissaire de Damas, avant de s’engouffrer dans un véhicule pour poursuivre la visite avec les quatre autres membres du comité chargé du suivi de l’accord signé le 10 mars par le président syrien, Ahmed Al-Charaa, et le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi. Les deux quartiers alépins font office de laboratoire pour la mise en œuvre de ce plan qui prévoit l’intégration de l’AANES et des FDS au sein du nouvel Etat syrien d’ici à la fin de l’année 2025.

Les sentiments sont partagés parmi les 500 000 habitants – des Kurdes en majorité, ainsi que des Arabes chrétiens et musulmans. Les autorités de Damas n’inspirent pas encore confiance. « Leurs forces ne sont pas unifiées sous un même uniforme ni une même discipline. On l’a vu avec le massacre des alaouites », explique Hussein Cheikh, un chauffeur de 42 ans. « Aussi longtemps que nous avons nos propres forces pour assurer notre sécurité, nous n’avons pas peur », renchérit son père, Cheikh Rachid, un agriculteur de 73 ans. En revanche, leur confiance en Mazloum Abdi est aveugle. « S’il nous demandait d’aller dans le désert, on irait. Tant que la France et les Etats-Unis sont avec nous, on est confiants », dit Khalil Madjid, un ouvrier de 41 ans.

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