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« A quoi ça sert, les maths ? » Des générations d’élèves peinant devant des problèmes ardus ont posé cette question. Avec des réponses multiples, allant du développement de la curiosité à la construction de la logique, de la gymnastique cérébrale à la maîtrise de situations de la vie courante. Ce dernier argument paraît aller de soi, en commençant par les besoins constants que nous éprouvons de savoir compter. L’étude qu’a publié, mercredi 5 février, dans la revue Nature une équipe de chercheurs prestigieux invite toutefois à pondérer l’argument. En comparant les performances de jeunes vendeurs de légumes et d’écoliers indiens, ils ont montré l’incapacité des uns comme des autres à transférer leurs compétences arithmétiques pourtant réelles d’un univers à l’autre, du pratique à l’abstrait, et inversement.
Conduite par les prix Nobel d’économie Esther Duflo et Abhijit Banerjee ainsi que par la psychologue Elizabeth Spelke (Harvard), spécialiste mondiale du développement des facultés cognitives chez les enfants, la recherche a commencé sur un terrain inhabituel : un marché de Calcutta, en Inde. Des enfants de 11 ou 12 ans y travaillent comme vendeurs de légumes. Un enquêteur s’approche et sans se présenter réclame deux produits : 400 grammes de tomates et 300 grammes d’aubergines, par exemple. Puis il tend un billet dépassant largement la somme réclamée. « Pour faire le total puis rendre la monnaie, l’enfant doit réaliser des calculs assez complexes, explique Esther Duflo. Et il y parvient sans aucun problème et très rapidement. » Sur les 200 enfants, testés à trois reprises, dont la moitié n’étaient pas scolarisés, 95 % ne commettent aucune erreur.
Des chiffres à la place des légumes
Les chercheurs se dévoilent alors et proposent aux enfants et à leurs parents de réaliser cette fois des tests plus formels, plus abstraits aussi. Pas de légumes, rien que de chiffres. « Les problèmes sont beaucoup plus simples en vérité que ce qu’ils font chaque jour mais ils réussissent très mal », observe Esther Duflo. 54 % seulement pour une soustraction de deux nombres à deux chiffres, 32 % pour une division d’un nombre à trois chiffres par un nombre à un chiffre. La même étude conduite sur 400 enfants de Delhi a vu ce dernier résultat tomber à 15 %. Par comparaison, 56 % des enfants scolarisés du même âge réussissent une telle division simple.
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