Alors que le président américain a reconnu que l’Amérique risquait de « souffrir » après avoir augmenté les droits de douane pour le Canada, le Mexique et la Chine, la province canadienne de l’Ontario, cœur économique du pays, a annoncé bannir dès lundi 3 février les entreprises américaines des contrats publics. Une décision qui va leur faire « perdre des dizaines de milliards de dollars en nouveaux revenus », a déclaré son premier ministre, Doug Ford.
« Elles n’ont qu’à blâmer le président Trump », a-t-il poursuivi, réagissant à l’imposition de droits de douane par les Etats-Unis sur les produits canadiens à partir de mardi. Doug Ford a également annulé un contrat provincial de 100 millions de dollars canadiens (66 millions d’euros) avec Starlink, la société contrôlée par le milliardaire Elon Musk, grand allié du président américain.
En parallèle de ces annonces, le président américain a affirmé, lundi matin, qu’il « venait » de parler avec le premier ministre canadien, Justin Trudeau, et qu’il échangerait à nouveau avec lui en début d’après-midi, alors que Washington est menacée de représailles. « Je viens de parler avec Justin Trudeau. Lui reparlerai à 15 heures » (21 heures à Paris), a écrit le chef de l’Etat sur son réseau Truth Social, répétant avoir imposé des droits de douane au pays voisin pour juguler l’arrivée de drogue aux Etats-Unis.
Le Canada redoute un effet cataclysmique
Le président américain, Donald Trump, a mis sa menace de guerre commerciale à exécution et a imposé, samedi 1ᵉʳ février, 25 % de droits de douane sur les produits provenant du Canada – à l’exception des hydrocarbures, taxés à 10 % –, a annoncé la Maison Blanche sur son compte X.
Une annonce qui a entraîné une réplique immédiate du Canada, qui redoute un effet cataclysmique sur son économie puisque 75 % de ses exportations partent pour les Etats-Unis. Ottawa a annoncé samedi que son pays imposera des droits de douane de 25 % sur des produits américains pour un total de 155 milliards de dollars canadiens (103 milliards d’euros) dès mardi.
Quelques heures après la signature de ces décrets, Donald Trump a prévenu les Américains des conséquences potentielles, tout en assumant cette décision. « Est-ce que cela va faire souffrir ? Oui, peut-être. Et peut-être pas. Mais nous allons rendre sa grandeur à l’Amérique et cela vaudra le prix qu’il faudra payer », a écrit le président américain sur son réseau Truth Social en lettres capitales. M. Trump a aussi de nouveau mis la pression sur le Canada, en estimant, dimanche, que le pays « devrait devenir notre cher 51e Etat », ce qui impliquerait, selon lui, « des impôts bien plus faibles et une protection militaire bien meilleure pour les Canadiens – et pas de droits de douane », a-t-il assuré.
Washington justifie sa décision par la volonté de forcer les trois pays à agir pour lutter contre le trafic de fentanyl, un puissant opioïde, à destination des Etats-Unis. Selon le président, la Chine exporte vers le Mexique des principes actifs permettant sa fabrication par les cartels mexicains, ensuite vendu de l’autre côté de la frontière. Il reproche également au Mexique et au Canada de ne pas suffisamment contrôler les flux migratoires vers les Etats-Unis.