Le carnet de bord d’un européen convaincu

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Livre. Enrico Letta a fait un long voyage… Durant neuf mois, le président de l’Institut Jacques-Delors, député italien, ancien président du conseil des ministres (2013-2014) et ancien chef du Parti démocrate en Italie (2021-2023), a sillonné l’Europe, enchaînant près de 400 réunions et visitant 65 villes du continent. Son objectif : rédiger un rapport, « Much more than a market » (« bien plus qu’un marché »), qu’il a présenté en avril au Conseil européen. De cette expérience foisonnante, Enrico Letta a également tiré un livre, Des idées nouvelles pour l’Europe. Avec les hommes et les femmes qui la font (Odile Jacob, 240 pages, 22,90 euros).

Cet ouvrage, raconte-t-il, est le fruit d’« un grand exercice collectif », un dialogue avec ceux qui façonnent l’Europe dans les domaines économique, politique, universitaire, mais aussi des échanges avec « des citoyens passionnés et des citoyens en colère ». Les débâcles financières de 2008 et de 2011 ont mis la construction européenne sous forte pression et cette fragilisation a été accentuée par une série d’événements traumatisants : la crise migratoire, le Brexit, la pandémie de Covid-19, l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la crise énergétique qui s’est ensuivie.

Pour Enrico Letta, cette succession de crises a montré que l’Europe, aussi imparfaite et critiquée soit-elle, était « irremplaçable », mais qu’il fallait repenser l’Union et son pilier central, le marché unique. Il est en effet le produit d’une autre époque : en 1985, lorsque Jacques Delors l’a conçu, il y avait deux Allemagnes et une Union soviétique, la Chine et l’Inde comptaient pour moins de 5 % de l’économie mondiale et l’acronyme BRICS [Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud] était encore inconnu. Quant au terreau fertile au développement et à la croissance qu’étaient, à l’époque, l’Europe et les Etats-Unis, ils définissaient les règles du jeu – multilatéralisme, libre-échange et coopération internationale.

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