Le projet de nommer un jeune général comme « sage » de la gendarmerie fait tousser dans les rangs

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Le général de gendarmerie Samuel Dubuis et la préfète des Deux-Sèvres Emmanuelle Dubee, à (Deux-Sèvres), le 18 juillet 2024.

Son nouveau chef à peine nommé après plusieurs semaines de tâtonnements et de querelles intestines, la gendarmerie s’apprête-t-elle à vivre une nouvelle fois l’une de ces petites tempêtes qui balaient les sommets de la hiérarchie ? D’après plusieurs sources concordantes, le ministre des armées, Sébastien Lecornu, a proposé, au poste d’inspecteur général des armées pour la gendarmerie (IGAG), le général de corps d’armée Samuel Dubuis, actuel patron des gendarmes en Nouvelle-Aquitaine.

Cette fonction de « sage », peu connue du grand public, consiste notamment à mener des enquêtes internes – en particulier sur des faits sensibles commis au sein de l’institution – ou à offrir une médiation dans des situations individuelles complexes, par exemple lorsqu’un militaire exerce un recours contre une sanction ministérielle. Elle présente surtout un avantage non négligeable pour son titulaire : pouvoir orner ses galons de la cinquième étoile de « général d’armée », ce qui, dans la gendarmerie, ne constitue pas une mince promotion.

Aux dires de certains de ses collègues, une telle reconnaissance est à la mesure des mérites professionnels de M. Dubuis, saint-cyrien, pilote d’hélicoptère, ex-conseiller d’Edouard Philippe à Matignon, puis directeur de cabinet de l’ancien directeur général de la gendarmerie Christian Rodriguez.

Mais, dans une institution à la mémoire fort longue, où les références historiques tiennent encore lieu de viatique, les mêmes soulignent aussitôt que son âge précoce, c’est-à-dire 53 ans, le désignerait comme l’un des plus jeunes promus au grade de général d’armée depuis Philippe Leclerc de Hauteclocque, nommé « cinq étoiles » à 44 ans après avoir, entre autres, contribué à la libération de Paris en 1944 et recueilli l’acte de capitulation du Japon au nom de la France l’année suivante. En d’autres termes, l’accession de M. Dubuis à un tel grade, accompagnant une telle fonction, ne serait rien moins que hâtive, sinon tout à fait prématurée.

Délicat dossier

Le goût prononcé des gendarmes pour l’histoire ne fait pas tout dans cette bronca à bas bruit, car les critiques se nourrissent surtout de la proximité entre M. Dubuis, qui a commandé, de 2010 à 2014, le groupement de gendarmerie de l’Eure, et le ministre des armées, Sébastien Lecornu, dont ce département est le fief politique, et qui s’est très fortement impliqué dans le projet de nomination du général. Le cabinet de M. Lecornu « ne commente pas » ce délicat dossier tandis que l’entourage de M. Retailleau, ministre de tutelle de la gendarmerie, fait observer que la désignation du futur IGAG « est en cours », sans autre précision sur l’identité du futur promu ni sur le calendrier de son entrée en fonction.

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