vendredi, septembre 20FRANCE

Au procès des viols de Mazan, Jacques C. et le choc de la première vidéo

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Gisèle Pelicot et son avocat, Antoine Camus, arrivent à la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon, le 19 septembre 2024.

Jacques C., 72 ans, petit monsieur, ventre rond proéminent sous la chemise à manches courtes, chevelure et barbe blanches fournies. Vingt-cinq ans de mariage, deux enfants, ancien sapeur-pompier, chauffeur routier, voyagiste, patron de pizzeria. Ses proches le disent « gentil », « attentionné », « ouvert aux autres » ; il a gardé de son éducation religieuse le sens du « don de soi », et maintenant qu’il est à la retraite, il « essaie de faire du bien autour de [lui] ». « J’ai un profond respect de la femme, assure Jacques C. Si mon ex-femme était là, elle dirait : “Il aime la femme, dans toute sa diversité, toute sa complexité.” »

« Comment réconcilier cette déclaration avec les faits pour lesquels vous comparaissez, à savoir le viol d’une femme inconsciente ? », lui a demandé Stéphane Babonneau, avocat de Gisèle Pelicot, jeudi 19 septembre.

La cour criminelle du Vaucluse s’est lancée dans une nouvelle phase du procès : l’examen du cas des quarante-neuf coaccusés de Dominique Pelicot, jugés pour avoir abusé de l’épouse de celui-ci alors qu’il l’avait préalablement droguée. A raison de cinq, six ou sept accusés par semaine, la cour sortira de ce tunnel début novembre.

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Dominique Pelicot et Jacques C. se sont rencontrés sur Coco.fr, un site de rencontres libertines. « Ma femme prend un somnifère le soir, et quand elle est endormie, je fais venir des hommes », a un jour écrit le premier au second. Le soir même, Jacques C. se rendait chez Dominique Pelicot, à Mazan.

Quelques-uns de ses propos à la barre, jeudi : « J’avais l’idée d’un couple libertin dont la femme serait endormie, elle était peut-être timide » ; « Quand il me fait entrer dans la chambre, je sens que les choses ne sont pas comme je pensais qu’elles allaient être » ; « J’ai été un peu léger, je n’ai pas posé de questions » ; « J’étais à cent lieues d’imaginer qu’un homme puisse faire ce genre de pratiques avec la mère de ses enfants » ; « J’ai été naïf, et je pensais qu’à un moment donné, Mme Pelicot se réveillerait » ; « Autre chose importante, l’âge : je fais confiance à quelqu’un de plus de 60 ans » ; « J’ai pris conscience que, potentiellement, j’étais en train d’abuser d’elle, mais j’ai été un peu long à la détente. »

Une chape de silence et de malaise s’abat sur la salle d’audience

Il est reproché à Jacques C. d’avoir violé Gisèle Pelicot par une pénétration digitale, ainsi que d’avoir filmé une fellation imposée par Dominique Pelicot à son épouse endormie, ce qui ferait de lui le coauteur de ce viol.

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