Bertrand Duplat, l’ingénieur qui veut réparer le cerveau avec son microrobot

| 4 023


L’ingénieur Bertrand Duplat, en 2023.

Un événement tragique peut parfois faire bifurquer une vie. Bertrand Duplat en sait quelque chose. Cet ingénieur roboticien travaille sans répit sur un microrobot capable de se déplacer dans le cerveau, de réaliser des biopsies et de déposer des traitements. La mort de sa mère, en 2007, d’un glioblastome, tumeur cérébrale la plus agressive, est à l’origine de cette quête. « Elle était inopérable. J’ai vu, à cette occasion, ce que c’était de ne pas pouvoir intervenir. Aujourd’hui, ce microrobot est la cause de ma vie », glisse-t-il sobrement.

Robeauté – littéralement la beauté des robots qui « savent faire ce que les hommes ne peuvent pas » –, sa start-up, créée en 2017, fait écho au vieux rêve de se promener au cœur de notre cerveau. Presque soixante ans après Le Voyage fantastique, de Richard Fleischer, sorti en 1966, le réalisateur américain James Cameron vient de reparler de son projet de remake. Dans ce premier film, cher à Bertrand Duplat, fan de science-fiction, un groupe de scientifiques se miniaturisent et s’infiltrent, à bord d’un mini-sous-marin, dans le corps humain afin de détruire un caillot de sang dans le cerveau d’un homme victime d’un attentat. Lorsqu’il le voit, petit garçon, c’est un « choc », lui qui se rêvait déjà inventeur. Les lectures de Pif Gadget et de Metal hurlant font partie intégrante de sa formation. Il les revendique avec le plus grand sérieux. Pour preuve : dans son CV sur LinkedIn, juste avant Ecole nationale supérieure de technologies avancées (Ensta) et ses activités de recherche à l’université McGill (Montréal), on trouve aussi Pif Gadget (1972-1975) et Metal hurlant (1981-1985).

Sept ans après la création de Robeauté, son robot miniature de 1,8 millimètre de diamètre pourrait bien révolutionner la neurochirurgie. Profilé comme une fusée à plusieurs étages, ce « chirurgien » multimatériaux est composé d’un système de propulsion qui permet sa progression dans le cerveau, d’un navigateur pour contrôler sa trajectoire et enfin d’un dispositif de géolocalisation. Il sera introduit à travers le crâne par un trou d’environ 3 à 4 millimètres, orifice par lequel il ressortira en marche arrière, après son voyage à vitesse d’escargot : 3 millimètres par minute.

Une rencontre décisive

« On a passé énormément de temps sur la technologie. Par exemple, mettre le moteur à l’intérieur pour rendre le robot indépendant de gros équipements externes utilisés au bloc opératoire a été l’un des énormes défis de ce projet », explique Bertrand Duplat. Reliée à l’extérieur par un câble, qui l’alimente en énergie, cette minimachine pourra transporter un médicament ou une électrode et les déposer dans un endroit précis. Bertrand Duplat vise ainsi à traiter localement, par une molécule ou une stimulation électrique, des cancers, la maladie de Parkinson et d’autres pathologies neurodégénératives.

Il vous reste 67.26% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link