Au procès de Monique Olivier, la confrontation orageuse et vaine entre l’accusée et son fils

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Avant Michel Fourniret, Monique Olivier avait eu deux enfants. Avant Monique Olivier, Michel Fourniret en avait eu quatre. Ensemble, ils en ont eu un : Selim, né le 9 septembre 1988, neuf mois après la disparition de la première victime du couple – Isabelle Laville, le 11 décembre 1987.

Lorsque Selim est venu au monde, Michel Fourniret, sorti de prison depuis moins d’un an, avait déjà tué quatre jeunes femmes, dont Fabienne Leroy, un mois avant la naissance du garçon. Le ventre rond de Monique Olivier avait fait partie du stratagème : les deux futurs parents avaient abordé leur victime en lui faisant croire qu’elle, enceinte de huit mois, avait besoin d’un médecin.

Cet enfant aujourd’hui âgé de 35 ans, devenu agent de sécurité sur la Côte d’Azur, témoignait, mercredi 13 décembre, devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine, qui juge sa mère pour complicité de trois meurtres commis par son père. « Je ne suis pas le fruit de l’amour, je suis le fruit d’un accord commercial », a-t-il dit. Référence à la promesse faite par Monique Olivier d’assister Michel Fourniret dans sa quête de jeunes femmes vierges, promesse autour de laquelle s’est noué le destin du couple.

« Pendant quinze ans, j’ai vécu avec des acteurs »

Selim Fourniret, qui s’appelle désormais Selim Olivier, n’était pas venu à Charleville-Mézières en 2008, ni à Versailles en 2018, pour les deux premiers procès de ses parents. Il aurait préféré éviter Nanterre, mais la cour a rejeté sa demande de dispense, tout comme celle de déposer à huis clos. Elle l’a autorisé à témoigner en visioconférence depuis Nice, et déguisé.

L’homme qui apparaît sur l’écran de la salle d’audience est affublé d’une perruque poivre et sel, d’une barbe postiche et de lunettes. L’effet obtenu est curieux : malgré le déguisement, et même à cause de lui, Selim Olivier ressemble à son père. « Tout ce que j’ai à dire, commence-t-il, c’est de demander à Monique Olivier de parler, pour se libérer d’un poids et permettre aux familles de faire leur deuil. »

Selim Olivier ne dit jamais « papa » ni « maman ». C’est « Michel », « Monique », « Monique Olivier », « Mme Olivier ». Il raconte son enfance à Sart-Custinne (Belgique), entre un père autoritaire et distant et une mère dont, à l’inverse, il était proche, et qui l’a d’autant plus déçu lorsqu’il a appris la vérité, petit à petit, une fois ses deux parents incarcérés, lui en 2003, elle en 2004. Avant cela, il n’a, promet-il, rien perçu de leurs activités criminelles : « Pendant quinze ans, j’ai vécu avec des acteurs. L’acteur papa, l’acteur maman. Je n’ai jamais entendu parler de ce qu’ils faisaient. Je n’aurais jamais pu le soupçonner. »

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