Viktor Orban est bien le seul dirigeant européen à souhaiter en public une victoire de Donald Trump, le 5 novembre, à l’issue de l’élection présidentielle américaine. Le premier ministre illibéral hongrois, allié du Rassemblement national au Parlement européen, se targue même de sa proximité idéologique avec le candidat républicain pour pourfendre l’immigration, défendre la « civilisation chrétienne » ou appeler à l’apaisement avec la Russie en Ukraine. Peut-être entend-il, avec son appui, conforter sa place de trublion de l’Union européenne, capable de parler à Vladimir Poutine comme au tribun populiste.
A Paris, Berlin, Varsovie et Bruxelles, ses homologues sont bien plus réservés, tant ils redoutent qu’un deuxième mandat de l’ex-président soit encore plus houleux que le premier pour les relations transatlantiques, au détriment d’un continent européen fragilisé comme jamais par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. S’ils se gardent de prendre ouvertement position, nombreux sont ceux qui préfèrent, dans leur for intérieur, la victoire de son adversaire démocrate, Kamala Harris, considérée comme la digne héritière du président sortant, après l’avoir remplacé au pied levé en juillet pour sauver la campagne démocrate d’un naufrage annoncé.
Lors de l’élection de Joe Biden face à Donald Trump, en novembre 2020, les capitales européennes avaient, déjà, manifesté leur soulagement. Elles avaient applaudi le « retour de l’Amérique » promis par l’élu démocrate dans les affaires du monde, espérant une rupture avec l’isolationnisme revendiqué par son prédécesseur. Le tout pour le plus grand répit du Vieux Continent, soucieux de retrouver une oreille attentive de la part du « grand frère » américain. Après les multiples charges du républicain contre l’OTAN et l’Union européenne, alors promise au pire pour cause de Brexit, qui d’autre que Joe Biden, pétri d’histoire de la guerre froide, pouvait mieux incarner le réveil du protecteur américain, chef de file des démocraties contre les autocraties, qui ébranlent, en Europe comme à travers la planète, l’ordre international ?
Le désastreux retrait d’Afghanistan
Quatre ans après, force est de constater que la lune de miel entre Joe Biden et les Européens a connu quelques accrocs, au point que les Européens ont appris à discerner, au-delà d’une évidente différence de style entre les deux dirigeants, une forme de continuité entre les deux administrations républicaine et démocrate, que ce soit en matière de politique étrangère ou de défense des intérêts américains.
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