vendredi, décembre 13FRANCE

La vie en suspens des parents privés de leurs enfants au Japon

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Ce billet est extrait de la newsletter hebdomadaire « Darons Daronnes » sur la parentalité, qui est envoyée tous les mercredis à 18 heures. Vous pouvez vous inscrire gratuitement à cette newsletter en suivant ce lien.

Environ 150 000 enfants sont « enlevés » par l’un de leurs parents au Japon chaque année, selon les chiffres de l’ONG Kizuna. Illustration.

Le temps passe : c’est l’une des réflexions que je me suis faites en allant voir Romain Duris jouer Jérôme dans Une part manquante, de Guillaume Senez, la semaine dernière. Lui qui fut le jeune héros désinvolte et charmeur de toute ma génération de lycéens dans Le Péril jeune incarne désormais un père dans la tourmente, comme il l’a déjà fait récemment dans Le Règne animal, de Thomas Cailley – un film qui me hante et dont je vous reparlerai peut-être un jour.

Le temps passe, et se grave dans le front plissé de cet homme d’entre deux âges, Jérôme, surnommé Jay, un Français qui arpente depuis neuf ans les rues de Tokyo au volant de son taxi noir dans l’espoir de retrouver sa fille, Lily.

Quand le film commence, il s’est résigné et s’apprête à rentrer en France. La mère de sa fille, une Japonaise, est partie lorsque l’enfant avait 3 ans, et il n’a jamais pu la revoir depuis. C’est de la fiction, et ça n’en est pas : au Japon, lorsque des parents se séparent, le premier qui prend l’enfant en a la garde, et peut refuser à l’autre tout contact. Ce n’est écrit dans aucun texte de loi, c’est même interdit par l’article 224 du code pénal, qui réprime l’enlèvement de mineurs ; mais la police, comme les juges, n’interviennent pas dans ce qu’ils considèrent être une affaire d’ordre privé, et protègent ainsi le parent parti avec l’enfant.

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